L’Oncopole de Toulouse se lance dans la décentralisation des essais cliniques. Désormais, l’innovation thérapeutique et l’administration de nouvelles molécules contre le cancer ne se limitent plus aux murs de l’hôpital. La première patiente à en bénéficier habite en Ariège.
Déjà très actif dans la recherche de traitements innovants, l’Institut du cancer de Toulouse Oncopole vient de franchir une nouvelle étape. Le site, qui inclut plus d’un patient sur huit dans une étude clinique, se lance dans des programmes d’essais hors des murs de l’hôpital autour d’un dispositif unique en France.
La première patiente à en bénéficier réside en Ariège. Suivie pour son cancer à l’Oncopole, elle a été incluse dans une étude de phase précoce (phase I, première fois chez l’Homme) en décembre dernier. Selon le protocole mis en place, cette patiente a pu réaliser des prélèvements sanguins et le suivi de ses signes vitaux depuis son domicile, évitant ainsi quatre déplacements jusqu’à l’hôpital, ce qui représente plusieurs heures de transport et donc de fatigue en moins.
Pour assurer ce suivi à distance, l’Oncopole a confié un cahier des charges bien précis à une société prestataire dont les infirmières sont formées à la recherche clinique. À terme, l’objectif est d’avoir une équipe mobile issue de l’Oncopole pour assurer ces tâches. Une infirmière en pratique avancée (IPA), spécialisée en recherche clinique à l’Oncopole, coordonne l’ensemble avec l’oncologue référent et les partenaires de santé du territoire. Le tout en s’appuyant sur les technologies numériques de la plateforme « CT homecare by Oncopole » conçue pour que les essais décentralisés puissent être déployés partout, par tous les centres de soins qui le souhaitent.
Rendre l’innovation accessible hors des contraintes géographiques
La période Covid avait confirmé l’impulsion en cours pour une prise en charge des patients hors les murs de l’hôpital. « Nous étions déjà en ordre de marche à ce moment-là, nous étions centre pilote lors de collaborations avec les laboratoires MSD et Sanofi « , explique Muriel Poublanc, directrice de la recherche et de l’innovation de l’Oncopole Claudius Regaud sur le site de l’IUCT-Oncopole.

« Les essais cliniques décentralisés sont un enjeu majeur parce qu’ils permettent de rendre l’innovation accessible hors des contraintes géographiques et les industriels ont beaucoup d’appétence pour cette démarche. C’est aussi un argument supplémentaire pour les patients à qui on propose un essai clinique : ils sont parfois réticents parce que le suivi est plus lourd qu’avec un traitement standard et ils ont envie de rentrer chez eux, d’être dans leur environnement. Mais rien ne change dans la rigueur, nous devons faire bénéficier des nouvelles molécules aux patients en toute sécurité. Comme à l’hôpital, les prélèvements sanguins permettent de suivre le cycle de vie des nouvelles molécules dans l’organisme », poursuit Muriel Poublanc.
L’Oncopole a pour objectif de déployer son dispositif décentralisé dans 5 à 10 essais cliniques en 2025 et ambitionne d’ores et déjà de doubler ce chiffre tous les ans.
Article « La Dépêche » Publié le 17/02/2025 par Emmanuelle Rey